Le dernier kilomètre, cauchemar du livreur de colis et… de l’usager
La voiture est doucement mais sûrement poussée hors de nos villes. Ces dernières années, les décisions "anti-voiture" se sont multipliées, empreintes d’un certain dogmatisme reposant toujours sur le même concept clivant opposant les "bons" et les "mauvais" modes de déplacement.
Cette approche est erronée. Il n’y a pas à attribuer de valeur intrinsèque aux différents modes de transports et d’opposer leurs usagers qui pour l’essentiel ne sont pas les mêmes.
En France, plus de 3 salariés sur 4 quittent leur commune de résidence pour aller travailler et en revenir. Pour ce faire, les urbains parcourent en moyenne 24 km, les périurbains 30 km, et les «ruraux» 28 km chaque jour ouvré.
Quand les transports publics passent trop loin du domicile ou du lieu de travail, ou des deux, la voiture est alors mobilisée, pour le parcours entier ou pour le fameux dernier kilomètre.
Moins il y a de transports publics, plus le taux de motorisation est élevé (62 % en agglomération parisienne, 93 % en zone rurale).
C’est la nécessité d’assurer le dernier (et le premier) kilomètre qui motive et qui légitime l’utilisation de la voiture.
Le projet de contraindre les automobilistes à pratiquer le transport public subventionné pour les obliger à abandonner le transport individuel onéreux, surtaxé et accidentogène (sauf sur autoroute) a échoué.
Il n’a pas empêché que plus de 80 % des déplacements se font par la route par des transports non publics, et que le véhicule particulier assure le dernier kilomètre, mais aussi l’essentiel des besoins de mobilité des ménages.
Les politiques de "report modal" systématiquement hostiles à la mobilité automobile affichent aujourd’hui leurs limites.
Les enquêtes déplacement menées dans plusieurs grandes villes ces dernières années ont déjà démontré l’absence de tout report modal de grande ampleur de l’automobile vers les autres modes.
La voiture est et reste donc un outil de mobilité individuelle incontournable notamment pour ce dernier kilomètre où les transports publics ont montré leurs limites naturelles.
La périurbanisation et l’éclatement géographique mais aussi temporel des déplacements des usagers nécessitent d’avoir une offre multimodale de déplacements sans stigmatisation.
Plutôt qu’une approche restrictive de sa mobilité, l’automobiliste est prêt à soutenir des mesures pragmatiques, visant à circuler de manière plus responsable et à opter par exemple pour du covoiturage ou de l’auto-partage.
Le vrai défi est de créer des solutions de mobilité qui soient en mesure de fournir aux personnes un choix, de la flexibilité et une inter-connectivité sans faille entre les différents modes de transport.
- Une approche globale des déplacements selon le concept des "smart cities" sans exclusion de la voiture.
- Le développement des systèmes de gestion du trafic en temps réel (signalisation routière et vitesses variables, parkings intelligents indiquant le nombre de places en temps réel, paiement du stationnement à distance…).
- Le renforcement de la logistique urbaine (itinéraires pour poids lourds, zones de livraison...)
- La promotion et le développement du covoiturage et de l’autopartage par des outils simples à la portée de tous.
- L’action conjointe et coordonnée de tous les acteurs de la mobilité (service public, sociétés, start-up…) pour la création d’outils de gestion efficace de la mobilité locale et régionale (centre de mobilités multimodales, portail de mobilité).
- L’effectivité du principe de l’open data des transports posé par la "Loi Macron" de 2015 pour organiser avec l’aide des nouvelles technologies une mobilité plurielle et intermodale simple et facile d’utilisation.
- Le déploiement de programmes innovants de sensibilisation et de formation de tous les usagers : automobilistes, cyclistes… permettant conduite et cohabitation responsables.
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