Les limites du "tout radar" et la nécessité d’une formation continue des conducteurs
La répression est incontournable et a concouru à faire diminuer le nombre de morts sur nos routes. Mais elle ne peut pas être la seule réponse à l’enjeu de la sécurité routière.
En 2016, la France a connu une troisième année consécutive d’augmentation de la mortalité routière, certes faible de + 0,2 %, avec 3 469 personnes tuées.
Cette situation est d’autant plus complexe que plus d’une vingtaine de mesures ont été lancées en 2015, dont l’interdiction des oreillettes au volant, l’abaissement du taux d’alcool pour les conducteurs novices ou les tests salivaires pour détecter les stupéfiants.
On constate aussi que le nombre de radars a largement augmenté.
Ils sont passés de 960 en 2007 à 2 200 fin 2012 et avoisineront les 4 000 machines de tous types en 2017.
Ces engins doivent être utilisés car ils contribuent à l’amélioration dela sécurité routière, mais leschiffres, depuis 3 ans, démontrent que cet outil seul est insuffisant.
Le "tout radar" montre donc ses limites.
Pour atteindre l’objectif de passer sous la barre des 2 000 personnes tuées sur les routes d’ici 2020, la politique de sécurité routière doit englober bien d’autres aspects.
Elle doit se renforcer sur les questions d’alcoolémie, de stupéfiants, de distraction au volant, d’endormissement et d’hypovigilance… le tout dans un contexte de déploiement progressif des véhicules autonomes, de numérisation de notre société et du vieillissement de la population.
L’accent doit aussi être prioritairement mis sur les conducteurs novices, qui constituent une catégorie exposée à des risques élevés.
En 2016, les 15-29 ans représentent 1/3 des blessés graves et 22 % des personnes tuées. Un tué sur 5 l’a été dans un accident impliquant un conducteur novice.
Des pays européens mettent déjà en œuvre des formations spécifiques pour les jeunes conducteurs, notamment en donnant des cours de formation post-permis permettant d’améliorer leur perception de la circulation, leur autoévaluation et leurs aptitudes.
Les législations existantes en Europe montrent, à l’exemple de celle mise en œuvre en Autriche en 2003, qu’il est possible, par la mise en place de formations post-permis, de réduire d’un tiers l’accidentologie des jeunes conducteurs en l’espace de quelques années.
Par ailleurs, l’opération de conduite est une tâche qui, même si elle estpratiquée par des millions depersonnes quotidiennement, n’est pas si simple et requiert des compétences et des qualités multiples. Cela nécessiterait, comme tout apprentissage professionnel, un véritable continuum éducatif depuis l’école jusqu’à l’âge adulte, avec plus tard des phases de formation et de remise à niveau.
Aux détracteurs qui opposent l’argument du coût d’une telle formation continue, nous rappelons que l’insécurité routière en France métropolitaine coûte au total chaque année plus de 32 milliards d’euros, soit 1,5% du PIB.
- L’instauration sans délai d’une phase post-permis obligatoire pour les jeunes conducteurs.
- La mise en place d’une formation continue des conducteurs, incluant un rendez-vous périodique lors du renouvellement obligatoire du titre de conduite tous les 15 ans. Cela permettrait au conducteur de suivre, sans remise en cause de son titre, différents ateliers de formation (réflexion en groupe sur des accidents de la route, atelier d’apprentissage de conduite en situation difficile, remise à niveau du Code de la route, éco-conduite…).
- La mise en oeuvre d’une politique de sécurité routière plus globale avec un renforcement des moyens de lutte contre l’alcoolémie, les stupéfiants, les distracteurs et l’hypovigilance.
- La coordination des pouvoirs publics et des acteurs privés et associatifs pour multiplier les campagnes "positives" associées à des personnalités emblématiques dont la parole porte particulièrement auprès du public de jeunes conducteurs.
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